Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 4.djvu/410

Cette page n’a pas encore été corrigée



Ciel ! Mes vœux ne sont pas pour vous !

Dieux puissants qu'ici l'on révère,

Dieux vengeurs des forfaits, je vous atteste tous

Si quelque autre qu'Astrée à mes désirs est chère,

Faites tomber sur moi vos plus terribles coups

ASTRÉE


Sois traître seulement, et ne sois pas impie.

CÉLADON


Juste Ciel ! Vous doutez encore de ma foi !

Mais quel est cet objet dont mon âme est ravie ?

ASTRÉE


Va, perfide, va, garde-toi

D'oser jamais paraître devant moi.

CÉLADON


Ah ! Du moins...

ASTRÉE


Non.

CÉLADON


Quoi ! Sans l'entendre,

Condamner un amant si fidèle et si tendre !

ASTRÉE


Non, perfide, non, garde-toi

D'oser jamais paraître devant moi.

CÉLADON


Mon sort est dans vos mains, il faut vous satisfaire ;

Et, puisque votre arrêt me livre au désespoir,

J'y cours ; et respectant votre injuste colère,

Je me fais du trépas un funeste devoir.

Vous me regretterez, j'en suis sûr, et votre âme,

Au vain ressouvenir d'une constante flamme

Se laissant trop tard émouvoir,

Me donnera des pleurs que je ne pourrai voir.


Scène V



ASTRÉE