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L'aveugle et la sourde colère,

La jalousie, au repos si contraire,

Enfants de l'art dont je me sers,

M'ont en vain procuré le secours des Enfers.

Quel fruit aura ton crime, infortuné Sémire ?

Les mensonges divers à quoi tu donnes cours

Soulageront-ils ton martyre ?

Que te sert de troubler d'innocentes amours ?

Je me venge, il suffit ; je fais des misérables.

N'est-ce pas un bien assez doux ?

Achevons ; puis retirons-nous

En des déserts inhabitables.

Amants, heureux amants, dont je détruis la foi,

Puissiez-vous devenir plus malheureux que moi !

Je vois déjà cette bergère en larmes

Ce doit être l'effet des dernières alarmes

Par qui mon imposture a séduit sa raison ;

Laissons sur son esprit agir notre poison.,


Scène II



Astrée, Philis.


ASTRÉE. donnant à Philis une lettre ouverte.


Avais-je tort, Philis ? Tu vois ces témoignages

De sa main propre ils sont tracés ;

Considère de quels outrages

Mes feux y sont récompensés ;

Ne me parle jamais du traître

Céladon, Céladon, il est un dieu vengeur.

PHILIS