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Scène V

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Antoine, Charmion, Cléopâtre


Antoine


Il n’est plus temps de rien dissimuler :
Pour la dernière fois nous allons nous parler,
Mamour ; il faut crever, et ma perte est certaine.

Cléopâtre


Quoi ! Toinon…

Antoine


Par vos pleurs n’augmentez point ma peine ;
Je n’en veux pourtant pas fermer les réservoirs ;
C’est ici que sied bien l’usage des mouchoirs.
Pleurons, pleurons. Ah, sort ! Quelle est pour moi ta haine !
Adieu, ma chère enfant ; adieu, ma pauvre reine ;
Nous ne nous verrons plus. Avant que de partir,
J’ai cru de votre sort vous devoir avertir.
Le Romain est brutal ; il viole.

Cléopâtre


Qu’importe ?

Antoine


Vous m’attendrissez trop ; il est temps que je sorte.
Adieu.

Cléopâtre


Quoi ! Mon bouchon…

Antoine


Ne suivez point mes pas.
Je vais là-bas, avant que de voir mes soldats,
Boire un coup de vin pur pour rassurer mon âme,
Et noyer dans ce jus le trouble… Adieu, madame.