Parmenon
Que diront vos parens ?
Phœdrie
Du moins nous attendrons que la Parque cruelle
M’ait par un coup fatal rendu libre comme elle.
Éloignent les destins ce coup qu’il faudra voir,
Et fassent que d’ailleurs depende mon espoir !
D’une ou d’autre façon, je suivray cette envie,
Dont tu vois que depend tout le cours de ma vie.
Censure mon projet, ravale sa beauté,
Dy ce que tu voudras, le sort en est jetté.
Montre luy cependant l’Eunuque, sans remise ;
Et de peur qu’à l’abord Thaïs ne le méprise,
Soingne avant que l’offrir qu’il soit mieux ajusté,
Et que par ton disours son prix soit augmenté :
Dy qu’on l’a fait venir des confins de l’Asie,
Qu’on l’a pris d’une race entre toutes choisie,
Qu’il chante, et sçait joüer de divers instrumens.
Accompagne le dons de quelques complimens :
Jure que pour Maistresse il merite une Reyne,
Que Thaïs l’est aussi (regnant en Souveraine
Sur tous mes sentimens) et mille autres propos.
Parmenon
Tenez le tout pour fait, et dormez en repos.
Phœdrie
S’il se peut ; mais aux champs aussi bien qu’à la ville
Je sens que mon esprit est tousjours peu tranquille ;
Il me faut toutesfois éprouver aujourd’huy
Ce qu’ils auront d’appas à flatter mon ennuy.
Parmenon
À vostre prompt retour nous en sçaurons l’issuë.
Phœdrie
Peut-estre verras-tu ta croyance deceuë.
Seulement pren le soin…
Parmenon
Allez, je vous entends.