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Votre père et les dieux

Disposent de mon sort, mais non pas de mon âme : [715]

Moi-même en suis-je maître ?

DAPHNE.

Il le faut.

LEUCIPPE.

Ah ! Daphné !

Que ce mot est facile à dire !

Et que l’Amour possède avecque peu d’empire

Un cœur que la contrainte a si tôt entraîné !

DAPHNE.

Quoi ! Faut-il que mon cœur soit par vous soupçonné ? [720]

Cruel ! n’avais-je pas encore assez de peine ?

LEUCIPPE.

Enfin donc le Destin me déclare sa haine ;

Vous serez à Tharsis ; et moi, par mes soupirs,

J’augmenterai ses plaisirs.

DAPHNE.

Plût au Ciel que Tharsis causât seul vos alarmes, [725]

Et qu’un père…

LEUCIPPE.

Achevez.

DAPHNE.

Eh ! Que sert d’achever

Un souhait qu’on sait bien qui ne peut arriver ?

LEUCIPPE.

Il n’importe, mon âme y trouvera des charmes.

DAPHNE.

Ne m’aimez plus.

LEUCIPPE.

Le puis-je ? Et le souhaitez-vous ?

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