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Que le fils de Venus cesse de se vanter

Qu’ainsi que nous il sait porter

Un carquois, un arc, et des flèches ; [190]

C’est un enfant qui fait des brèches

Dans les cœurs aisés à dompter.

Il remporte toujours des victoires faciles ;

Je défais des serpents qui dépeuplent des villes.

MOMUS.

Vous méprisez celui qui tient tout sous sa loi. [195]

Si l’Amour vous entend ?

APOLLON.

Et que crains-tu pour moi ?

MOMUS.

Parlez bas, c’est un dieu ; s’il venait à paraître ?

APOLLON.

Un dieu ! c’est un enfant : quitte ce vain souci.

MOMUS.

Qui donne à Jupiter un maître,

Vous en pourrait donner aussi. [200]


Scène IV

Dans le temps que Momus achève ces mots, l’Amour descend du ciel comme un trait, et se vient placer entre Apollon et Momus.

CUPIDON à APOLLON

Quel est l’orgueilleux qui me brave ?

Quel téméraire ose attaquer l’Amour ?

Ah ! je vous reconnais : vous serez mon esclave

Avant la fin du jour.

Ces paroles dites, Cupidon s’en revole dans les airs.