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QUATRIESME PARTIE.

Qui m’a donné de l’esprit un matin.
Mon frere Alain ! Alain ! s’écria Lise,
Alain mon frere ! ah ! je suis bien surprise ;
il n’en a point, comme en donneroit-il ?
Sotte, dit l’autre, helas ! tu n’en sçais guere :
Apprens de moy que pour pareille affaire
Il n’est besoin que l’on soit si subtil.
Ne me crois-tu ? sçache-le de ta mere ;
Elle est experte au fait dont il s’agit :
Si tu ne veux, demande au voisinage[1] ;
Sur ce point-là l’on t’aura bien-tost dit,
Vivent les sots pour donner de l’esprit !
Lise s’en tint à ce seul témoignage,
Et ne crût pas devoir parler de rien.
Vous voyez donc que je disois fort bien
Quand je disois que ce jeu là rend sage[2].



II. — L ’ A B B E S S E [3].


L’exemple sert, l’exemple nuit aussi :
Lequel des deux doit l’emporter icy,
Ce n’est mon fait : l’un dira que l’Abbesse
En usa bien, l’autre au contraire mal,
Selon les gens : bien ou mal je ne laisse
D’avoir mon compte, et montre en general,
Par ce que fit tout un troupeau de Nones,

  1. Vers supprimé dans toutes les éditions à partir de celle de 1685.
  2. Ces quatre derniers vers ont été retranchés dans toutes les éditions, à parfir de celle de 1685.
  3. Dans toutes les éditions, à partir de celle de 1685 : L’Abbesse malade.