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PORTRAIT


DE


LA MARQUISE DE SÉVIGNÉ,


PAR MADAME


LA COMTESSE DE LA FAYETTE,


SOUS LE NOM D’UN INCONNU.


Séparateur



Tous ceux qui se mêlent de peindre des belles se tuent de les embellir pour leur plaire, et n’oseraient leur dire un seul de leurs défauts ; mais pour moi, madame, grâce au privilége d’inconnu que j’ai auprès de vous, je m’en vais vous peindre bien hardiment, et vous dire toutes vos vérités tout à mon aise, sans craindre de m’attirer votre colère. Je suis au désespoir de n’en avoir que d’agréables à vous conter ; car ce me serait un grand déplaisir si, après vous avoir reproché mille défauts, je voyais cet inconnu aussi-bien reçu de vous que mille gens qui n’ont fait toute leur vie que de vous louer. Je ne veux point vous accabler de louanges, et m’amuser à vous dire que votre taille est admirable, que votre teint a une beauté et une fleur qui assurent que vous n’avez que vingt ans, que votre bouche, vos dents et vos cheveux sont