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lettres.



LETTRE VIII.
Paris, 4 septembre 1673.

JE suis à Saint-Maur ; j’ai quitté toutes mes affaires et tous mes amis ; j’ai mes enfants et le beau temps, cela me suffit. Je prends des eaux de Forges ; je songe à ma santé ; je ne vois personne, je ne m’en soucie point du tout ; tout le monde me paraît si attaché à ses plaisirs, et à des plaisirs qui dépendent entièrement des autres, que je me trouve avoir un don des fées, d’être de l’humeur dont je suis. Je ne sais si madame de Coulanges ne vous aura point mandé une conversation d’une après-dînée de chez Gourville, où étaient madame Scarron et l’abbé Testu, sur les personnes qui ont le goût au-dessus ou au-dessous de leur esprit : nous nous jetâmes dans des subtilités, où nous n’entendions plus rien ; si l’air de Provence, qui subtilise encore toutes choses, vous augmente nos visions là-dessus, vous serez dans les nues. Vous avez le goût au-dessus de votre esprit, et M. de la Rochefoucault aussi, et moi encore, mais pas tant que vous deux. Voilà des exemples qui vous guideront. M. de Coulanges m’a dit que votre voyage était encore retardé : pourvu que vous rameniez madame de Grignan, je n’en murmure pas ; si vous ne la ramenez point, c’est une trop longue absence. Mon goût augmente à vue d’œil pour la supérieure du Calvaire ; j’espère qu’elle me rendra bonne. Le cardinal de Retz est brouillé pour