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lettres.

n’y avait pas voulu consentir auparavant. Elle n’égratigne point M. de Monaco : je crois qu’elle se fait justice, et qu’elle trouve que la seconde place de chez Madame est assez bonne pour la femme de Clérambault ; elle le sera assurément dans un mois, si elle ne l’est déjà.

Nous allons dîner à Livry, M. de la Rochefoucault, Morangi, Coulanges et moi. C’est une chose qui me paraît bien étrange, d’aller dîner à Livry, et que ce ne soit pas avec vous. L’abbé Testu[1] est allé à Fontevrault : je suis trompée, s’il n’eût mieux fait de n’y pas aller, et si ce voyage-là ne déplaît à des gens à qui il est bon de ne pas déplaire.

L’on dit que madame de Montespan est demeurée à Courtrai. Je reçois une petite lettre de vous : si vous n’avez pas reçu des miennes, c’est que j’ai bien eu des tracas ; je vous conterai mes raisons quand vous serez ici. M. le duc s’ennuie beaucoup à Utrecht. Les femmes y sont horribles. Voici un petit conte sur ce sujet : Il se familiarisait avec une jeune femme de ce pays-là, pour se désennuyer apparemment, et, comme les familiarités étaient sans doute un peu grandes, elle lui dit : Pour Dieu ! monseigneur, Votre Altesse a la bonté d’être trop insolente. C’est Briole qui m’a écrit cela : j’ai jugé que vous en seriez charmée, comme moi. Adieu, ma belle : je suis toute à vous assurément.

  1. Il me faut point confondre l’abbé Testu dont il sera souvent parlé dans ces lettres, avec un autre abbé Testu qui avait été aumônier ordinaire de Madame, et qui était comme le premier de l’Académie française : celui dont il s’agit, était un homme de beaucoup d’esprit et de très-bonne compagnie.