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lettres.

beau temps ; mais la beauté de la chasse dans les carrosses vitrés a suppléé à ce qui nous manquait. Nous y avons été cinq ou six jours : nous vous y avons extrêmement souhaitée ; non-seulement par amitié, mais parce que vous êtes plus digne que personne du monde d’admirer ces beautés-là. J’ai trouvé ici, à mon retour, deux de vos lettres. Je ne pus faire achever celle-ci vendredi, et je ne puis l’achever moi-même aujourd’hui, dont je suis bien fâchée, car il me semble qu’il y a long-temps que je n’ai causé avec vous. Pour répondre à vos questions, je vous dirai que madame de Brissac[1] est toujours à l’hôtel de Conti, environnée de peu d’amants, et d’amants peu propres à faire à bruit, de sorte qu’elle n’a pas grand besoin du manteau de sainte Ursule. Le premier président de Bordeaux est amoureux d’elle comme un fou : il est vrai que ce n’est pas d’ailleurs une tête bien timbrée. Monsieur le premier et ses enfants sont aussi fort assidus auprès d’elle. M. de Montaigu ne l’a, je crois, point vue de ce voyage-ci, de peur de déplaire à madame de Northumberland, qui part aujourd’hui ; Montaigu l’a devancée de deux jours ; tout cela ne laisse pas douter qu’il ne l’épouse. Madame de Brissac joue toujours la désolée, et affecte une très-grande négligence. La comtesse du Plessis a servi de dame d’honneur deux jours avant que Monsieur soit parti : sa belle-mère[2]

  1. Gabrielle-Louise de Saint-Simon, duchesse de Brissac.
  2. Colombe le Charron, femme de César, duc de Choiseul, pair et maréchal de France, et première dame d’honneur de Madame.