Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 2.djvu/514

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
502
lettres.

Madame du Plessis était si charmée de votre lettre, qu’elle me l’a envoyée : elle est enfin partie pour sa Bretagne. J’ai donné vos lettres à Langlade, qui m’en a paru très-content : il honore toujours beaucoup madame de Grignan. Montaigu s’en va : on dit que ses espérances sont renversées ; je crois qu’il y a quelque chose de travers dans l’esprit de la nymphe[1]. Votre fils est amoureux, comme un perdu, de mademoiselle de Poussai ; il n’aspire qu’à être aussi transi que la Fare. M. de la Rochefoucault dit que l’ambition de Sévigné est de mourir d’un amour qu’il n’a pas : car nous ne le tenons pas du bois dont on fait les fortes passions. Je suis dégoûtée de celle de la Fare : elle est trop grande et trop esclave. Sa maîtresse ne répond pas au plus petit de ses sentiments : elle soupa chez Longueil et assista à une musique le soir même qu’il partit. Souper en compagnie quand son amant part, et qu’il part pour l’armée, me paraît un crime capital : je ne sais pas si je m’y connais. Adieu, ma belle.




LETTRE V.


Paris, 26 mai 1673.

Si je n’avais la migraine, je vous rendrais compte de mon voyage de Chantilli, et je vous dirais que, de tous les lieux que le soleil éclaire, il n’y en a point un pareil à celui-là. Nous n’y avons pas eu un trop

  1. Madame de Northumberland.