Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 2.djvu/291

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ce défaut d'un prétexte spécieux d'avantage pour l'électorat, qui fut que M. le prince Clément n'en jouirait que quand il aurait l'âge ; que l'on en donnerait l'administration à des chanoines jusqu'à ce temps-là, et que les revenus seraient employés à rétablir l'archevêché qui était en désordre. En même temps, on présenta des brefs du pape, qui dispensaient M. le prince Clément d'âge. Le pape y représentait les services de M. l'électeur pour la chrétienté, et l'avantage de l'archevêché. Il ne fallait pas être trop éclairé pour discerner les mouvements qui le faisaient agir ; aussi les regarda-t-on en France comme on devait. Les Hollandais n'étaient pas encore entrés fort avant dans cette négociation, et le prince d'Orange sur-tout avait peu paru, et ne s'était pas pressé de faire beaucoup de pas, de peur qu'on ne les détruisît ; mais, afin qu'on n'eût pas le temps, il envoya, la surveille de l'élection à Cologne, un nommé Isaac, qui est son maître d'hôtel, et le seul qui partage sa confiance avec le comte de Benting[1] ; mais pourtant avec cette différence, que l'un se trouva là comme son ami, et l'autre presque comme son premier ministre, et comme un homme qui lui est très-utile. Ils se rendirent à Cologne avec des lettres de change considérables, qui déterminaient entièrement ceux qui balançaient, qui pourtant avaient donné leurs voix au cardinal, quand il avait été question de le faire coadjuteur. On procéda à l'élection le jour que l'on avait assigné, et on la fit avec toutes les voix ordinaires de vingt-quatre

  1. Connu depuis sous le nom de milord Portland.