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La raison du pape, pour ne lui point donner de bulles, fut que c’était un homme qui avait mis le feu dans toute l’Europe ; qui était cause des guerres passées ; que celles qui viendraient en seraient toujours une suite ; qu’un homme comme celui-là n’était pas digne de remplir une aussi grande place, et que, s’il y était une fois, il entreprendrait encore plus aisément de troubler le repos de la chrétienté. Le pape s’applaudissait d’une raison qui paraissait sortir des entrailles du père commun des chrétiens, et refusait cette grâce au cardinal de Furstemberg, parce qu’il était appuyé de la France, et que c’était prendre une vengeance grande et certaine du roi, qu’il avait trouvé opposé aux choses qu’il avait voulues.

Dans le temps que le roi sollicitait le plus fortement les bulles du coadjuteur, et que le pape y était le plus opposé, l’électeur de Cologne vint à mourir, et laissa vacant, outre l’archevêché de Cologne, l’évêché de Munster, celui de Liège et celui d’Hildesheim. L’intention du roi était que M. de Furstemberg en remplît le plus qu’il se pourrait ; mais il s’attachait le plus fortement à ceux de Cologne et de Liége, comme les plus voisins de ses états, et par conséquent les plus nécessaires. L’obstination du pape à refuser les bulles faisait qu’il fallait refaire une nouvelle élection, et que la coadjutorerie que l’on avait donnée au cardinal de Furstemberg était entièrement inutile : il demeurait seulement, pendant le siège vacant, administrateur de l’archevêché, et, comme il avait gouverné pendant toute la vie du feu électeur, il était entièrement maître des places et avait un assez grand crédit parmi les