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alla dans la campagne, guidé par son seul désespoir. Cependant, le prince de Montpensier, qui voyait que la princesse ne revenait point de son évanouissement, la laissa entre les mains de ses femmes, et se retira dans sa chambre avec une douleur mortelle. Le duc de Guise, qui était sorti heureusement du parc, sans savoir quasi ce qu’il faisait, tant il était troublé, s’éloigna de Champigni de quelques lieues ; mais il ne put s’éloigner davantage, sans savoir des nouvelles de la princesse. Il s’arrêta dans une forêt, et envoya son écuyer pour apprendre du comte de Chabanes ce qui était arrivé de cette terrible aventure. L’écuyer ne trouva point le comte de Chabanes ; mais il apprit d’autres personnes que la princesse de Montpensier était extraordinairement malade. L’inquiétude du duc de Guise fut augmentée par ce que lui dit son écuyer ; et, sans la pouvoir soulager, il fut contraint de s’en retourner trouver ses oncles, pour ne pas donner de soupçon par un plus long voyage. L’écuyer du duc de Guise lui avait rapporté la vérité, en lui disant que madame de Montpensier était extrêmement malade ; car il était vrai que, sitôt que ses femmes l’eurent mise dans son lit, la fièvre lui prit si violemment, et avec des rêveries si horribles, que, dès le second jour, l’on craignit pour sa vie. Le prince feignit d’être malade, afin qu’on ne s’étonnât pas de ce qu’il n’entrait pas dans la chambre de sa femme. L’ordre qu’il reçut de s’en retourner à la cour, où l’on rappelait tous les princes catholiques pour exterminer les huguenots, le tira de l’embarras où il était. Il s’en alla à Paris, ne sachant ce qu’il avait à espérer ou à craindre du mal