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seulement pour recevoir des lettres du duc de Guise, l’alla trouver ; mais il fut extrêmement surpris, quand il vit le duc de Guise, et il n’en fut pas moins affligé. Ce duc, occupé de son dessein, ne prit non plus garde à l’embarras du comte que la princesse de Montpensier avait fait à son silence lorsqu’elle lui avait conté son amour. Il se mit à lui exagérer sa passion, et à lui faire comprendre qu’il mourrait infailliblement, s’il ne lui faisait obtenir de la princesse la permission de la voir. Le comte de Chabanes lui répondit froidement qu’il dirait à cette princesse tout ce qu’il souhaitait qu’il lui dît, et qu’il viendrait lui en rendre réponse. Il s’en retourna à Champigni, combattu de ses propres sentiments, mais avec une violence qui lui ôtait quelquefois toute sorte de connaissance. Souvent il prenait la résolution de renvoyer le duc de Guise sans le dire à la princesse de Montpensier ; mais la fidélité exacte qu’il lui avait promise changeait aussitôt sa résolution. Il arriva auprès d’elle, sans savoir ce qu’il devait faire ; et, apprenant que le prince de Montpensier était à la chasse, il alla droit à l’appartement de la princesse, qui, le voyant troublé, fit retirer aussitôt ses femmes pour savoir le sujet de ce trouble. Il lui dit, en se modérant le plus qu’il lui fut possible, que le duc de Guise était à une lieue de Champigni, et qu’il souhaitait passionnément de la voir. La princesse fit un grand cri à cette nouvelle, et son embarras ne fut guère moindre que celui du comte. Son amour lui présenta d’abord la joie qu’elle aurait de voir un homme qu’elle aimait si tendrement : mais, quand elle pensa combien cette action était contraire