Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 2.djvu/269

Cette page a été validée par deux contributeurs.

joie la conclusion de ce mariage, qui l’aurait comblé de douleur dans un autre temps. Il ne pouvait si bien cacher son amour, que le prince de Montpensier n’en entrevît quelque chose, lequel, n’étant plus maître de sa jalousie, ordonna à la princesse sa femme de s’en aller à Champigni. Ce commandement lui fut bien rude : il fallut pourtant obéir. Elle trouva moyen de dire adieu en particulier au duc de Guise ; mais elle se trouva bien embarrassée à lui donner des moyens sûrs pour lui écrire. Enfin, après avoir bien cherché, elle jeta les yeux sur le comte de Chabanes, qu’elle comptait toujours pour son ami, sans considérer qu’il était son amant. Le duc de Guise, qui savait à quel point ce comte était ami du prince de Montpensier, fut épouvanté qu’elle le choisît pour son confident ; mais elle lui répondit si bien de sa fidélité, qu’elle le rassura. Il se sépara d’elle avec toute la douleur que peut causer l’absence d’une personne que l’on aime passionnément. Le comte de Chabanes, qui avait toujours été malade à Paris pendant le séjour de la princesse de Montpensier à Blois, sachant qu’elle s’en allait à Champigni, la fut trouver sur le chemin, pour s’en aller avec elle. Elle lui fit mille caresses et mille amitiés, et lui témoigna une impatience extraordinaire de s’entretenir en particulier, dont il fut d’abord charmé. Mais quels furent son étonnement et sa douleur, quand il trouva que cette impatience n’allait qu’à lui conter qu’elle était passionnément aimée du duc de Guise, et qu’elle l’aimait de la même sorte ! Son étonnement et sa douleur ne lui permirent pas de répondre. La princesse, qui était pleine de sa passion, et qui