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tomba malade, et quitta en même temps l’armée, soit par la violence de son mal, soit par l’envie qu’il avait de revenir goûter le repos et les douceurs de Paris, où la présence de la princesse de Montpensier n’était pas la moindre raison qui l’attirât. L’armée demeura sous le commandement du prince de Montpensier ; et, peu de temps après, la paix étant faite, toute la cour se trouva à Paris. La beauté de la princesse effaça toutes celles qu’on avait admirées jusque alors. Elle attira les yeux de tout le monde par les charmes de son esprit et de sa personne. Le duc d’Anjou ne changea pas à Paris les sentiments qu’il avait conçus pour elle à Champigni ; il prit un soin extrême de le lui faire connaître par toutes sortes de soins, prenant garde, toutefois, à ne lui en pas rendre des témoignages trop éclatants, de peur de donner de la jalousie au prince son mari. Le duc de Guise acheva d’en devenir violemment amoureux ; et, voulant, par plusieurs raisons, tenir sa passion cachée, il se résolut de la lui déclarer d’abord, afin de s’épargner tous ces commencements qui font toujours naître le bruit et l’éclat. Étant un jour chez la reine, à une heure où il y avait très-peu de monde, la reine s’étant retirée pour parler d’affaire avec le cardinal de Lorraine, la princesse de Montpensier y arriva. Il se résolut de prendre ce moment pour lui parler, et s’approchant d’elle : Je vais vous surprendre, madame, lui dit-il, et vous déplaire, en vous apprenant que j’ai toujours conservé cette passion qui vous a été connue autrefois, mais qui s’est si fort augmentée en vous revoyant, que ni votre sévérité, ni la haine de M. le prince de Montpensier, ni