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Clèves ne parût pas y prendre intérêt, madame de Martigues ne laissait pas de lui en parler pour la divertir.

Elle lui conta des nouvelles du vidame, de M. de Guise, et de tous les autres qui étaient distingués par leur personne ou par leur mérite. Pour M. de Nemours, dit-elle, je ne sais si les affaires ont pris dans son cœur la place de la galanterie, mais il a bien moins de joie qu’il n’avait accoutumé d’en avoir ; il paraît fort retiré du commerce des femmes ; il fait souvent des voyages à Paris, et je crois même qu’il y est présentement. Le nom de M. de Nemours surprit madame de Clèves, et la fit rougir : elle changea de discours, et madame de Martigues ne s’aperçut point de son trouble.

Le lendemain, cette princesse, qui cherchait des occupations conformes à l’état où elle était, alla, proche de chez elle, voir un homme qui faisait des ouvrages de soie d’une façon particulière ; et elle y fut dans le dessein d’en faire faire de semblables. Après qu’on les lui eut montrés, elle vit la porte d’une chambre où elle crut qu’il y en avait encore ; elle dit qu’on la lui ouvrît. Le maître répondit qu’il n’en avait pas la clef, et qu’elle était occupée par un homme qui y venait quelquefois, pendant le jour, pour dessiner de belles maisons et des jardins que l’on voyait de ses fenêtres. C’est l’homme du monde le mieux fait, ajouta-t-il, il n’a guères la mine d’être réduit à gagner sa vie. Toutes les fois qu’il vient céans, je le vois toujours regarder les maisons et les jardins, mais je ne le vois jamais travailler.