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de passer les soirs dans les jardins, sans être accompagnée de ses domestiques. Elle venait dans ce pavillon où M. de Nemours l’avait écoutée ; elle entrait dans le cabinet qui était ouvert sur le jardin. Ses femmes et ses domestiques demeuraient dans l’autre cabinet, ou sous le pavillon, et ne venaient point à elle qu’elle ne les appelât. Madame de Martigues n’avait jamais vu Coulommiers : elle fut surprise de toutes les beautés qu’elle y trouva, et sur-tout de l’agrément de ce pavillon ; madame de Clèves et elle y passaient tous les soirs. La liberté de se trouver seules, la nuit, dans le plus beau lieu du monde, ne laissait pas finir la conversation entre deux jeunes personnes qui avaient des passions violentes dans le cœur ; et, quoiqu’elles ne s’en fissent point de confidence, elles trouvaient un grand plaisir à se parler. Madame de Martigues aurait eu de la peine à quitter Coulommiers, si, en le quittant, elle n’eût dû aller dans un lieu où était le vidame : elle partit pour aller à Chambort, où la cour était alors.

Le sacre avait été fait à Rheims par le cardinal de Lorraine, et l’on devait passer le reste de l’été dans le château de Chambort, qui était nouvellement bâti. La reine témoigna une grande joie de revoir madame de Martigues ; et, après lui en avoir donné plusieurs marques, elle lui demanda des nouvelles de madame de Clèves et de ce qu’elle faisait à la campagne. M. de Nemours et M. de Clèves étaient alors chez cette reine. Madame de Martigues, qui avait trouvé Coulommiers admirable, en conta toutes les beautés, et elle s’étendit extrêmement sur la description de ce pavillon de la