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qui le duc d’Albe apporta un présent magnifique de la part de son maître. Il alla ensuite chez madame Marguerite, sœur du roi, lui faire les compliments de M. de Savoie, et l’assurer qu’il arriverait dans peu de jours. L’on fit de grandes assemblées au Louvre, pour faire voir au duc d’Albe, et au prince d’Orange qui l’avait accompagné, les beautés de la cour.

Madame de Clèves n’osa se dispenser de s’y trouver, quelque envie qu’elle en eût, par la crainte de déplaire à son mari, qui lui commanda absolument d’y aller. Ce qui l’y déterminait encore davantage, était l’absence de M. de Nemours. Il était allé au-devant de M. de Savoie ; et, après que ce prince fut arrivé, il fut obligé de se tenir presque toujours auprès de lui pour lui aider à toutes les choses qui regardaient les cérémonies de ses noces ; cela fit que madame de Clèves ne rencontra pas ce prince aussi souvent qu’elle avait accoutumé ; et elle s’en trouvait dans quelque sorte de repos.

Le vidame de Chartres n’avait pas oublié la conversation qu’il avait eue avec M. de Nemours. Il lui était demeuré dans l’esprit que l’aventure que ce prince lui avait contée était la sienne propre, et il l’observait avec tant de soin, que peut-être aurait-il démêlé la vérité, sans que l’arrivée du duc d’Albe et celle de M. de Savoie firent un changement et une occupation dans la cour, qui l’empêcha de voir ce qui aurait pu l’éclairer. L’envie de s’éclaircir, ou plutôt la disposition naturelle que l’on a de conter tout ce que l’on sait à ce que l’on aime, fit qu’il redit à madame de Martigues l’action extraordinaire de cette personne qui