Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 2.djvu/125

Cette page a été validée par deux contributeurs.

agité de tristes pensées qu’elle avait eues pendant la nuit. Elle fut extrêmement surprise, lors qu’on lui dit que M. de Nemours la demandait. L’aigreur où elle était ne la fit pas balancer à répondre qu’elle était malade et qu’elle ne pouvait lui parler.

Ce prince ne fut pas blessé de ce refus ; une marque de froideur, dans un temps où elle pouvait avoir de la jalousie, n’était pas un mauvais augure. Il alla à l’appartement de M. de Clèves, et lui dit qu’il venait de celui de madame sa femme, qu’il était bien fâché de ne la pouvoir entretenir, parce qu’il avait à lui parler d’une affaire importante pour le vidame de Chartres. Il fit entendre en peu de mots à M. de Clèves la conséquence de cette affaire, et M. de Clèves le mena à l’heure même dans la chambre de sa femme. Si elle n’eût point été dans l’obscurité, elle eût eu peine à cacher son trouble et son étonnement de voir entrer M. de Nemours conduit par son mari. M. de Clèves lui dit qu’il s’agissait d’une lettre où l’on avait besoin de son secours pour les intérêts du vidame ; qu’elle verrait avec M. de Nemours ce qu’il y avait à faire ; et que, pour lui, il s’en allait chez le roi, qui venait de l’envoyer querir.

M. de Nemours demeura seul auprès de madame de Clèves, comme il le pouvait souhaiter. Je viens vous demander, madame, lui dit-il, si madame la dauphine ne vous a point parlé d’une lettre que Chastelart lui remit hier entre les mains. Elle m’en a dit quelque chose, répondit madame de Clèves ; mais je ne vois pas ce que cette lettre a de commun avec les intérêts de mon oncle, et je vous puis assurer qu’il n’y est pas