Page:La Fare - Mémoires de Madame la Comtesse de la Bouquetière de Saint-Mars, 1884.djvu/84

Cette page n’a pas encore été corrigée
1796

Me voilà donc livrée à moi-même, sans argent, ayant voulu que mon mari emportât tout ce qui nous restait. Le chagrin s’empara de moi, je tombai malade. Une petite fièvre me consumait. Je regrettai de n’avoir pas suivi mon mari, mais l’argent était si juste pour sa dépense que je n’aurais pu y trouver la mienne dans ce long voyage. Mme de Mornac me rendit les mêmes soins qu’à Seligenstadt ; sa femme de chambre venait coucher dans ma chambre. Cet état me dura dix jours, et je n’en fus tirée que par l’affreuse nouvelle que les Français approchaient de Francfort et par l’ordre donné à tous les émigrés de sortir de la ville. Je fus anéantie par ces événements. Que faire ? Que devenir ? Mme la baronne de Vrintz était pour moi la seule personne à qui je pouvais recourir dans mon malheur. Je la croyais à la campagne ; mais pensant que les