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père les accompagna. Je rentrai chez moi dans le désespoir le plus inquiétant. Mon amie, Mme de Mornac, ne me quitta pas jusqu’au retour de mon mari ; son fils était aussi avec lui. En arrivant, l’enfant fut se renfermer dans sa chambre. Je ne savais ce qu’il était devenu. Ses sanglots nous découvrirent où il était. Nous eûmes bien de la peine à le faire sortir, et pour ménager la sensibilité de Louis, il me fallut étouffer la mienne. Jusqu’à ce que je susse l’arrivée de mes enfants, je fus livrée à la plus grande inquiétude. Je ne mangeais ni ne dormais. Mon mari me voyant dans cet état, il lui échappa de me dire : « Pourquoi avoir consenti à une séparation qui nous fait tant de mal ? » Enfin je reçus de la route une lettre d’Alexandrine ; tout allait bien. Le conducteur, disait-elle, les traitait comme des princesses. La baronne de Vrintz avait eu l’attention de faire mettre dans la voiture des biscuits, des bonbons, des tablettes de bouillon. Aussitôt qu’on s’arrêtait, on en faisait prendre à mes filles. Elles ne se louaient pas de Mlle de Goyon qui ne songeait qu’à elle. Une dame émigrée qui était dans la voiture la remplaçait par les soins qu’elle leur donnait. Je sus bientôt après leur arrivée à Ratisbonne. Mme de Boisgelin me l’annonça. Vous savez