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était tout à fait hors d’affaire, qu’il fallait actuellement lui donner de bons bouillons. Il me demanda comment j’avais traité mon malade et me dit que je ne pouvais avoir mieux fait. Saint-Jean reprit donc confiance en moi, et au bout de quelques jours il fut sur pied. Pendant sa maladie, j’avais pris une fille de Brabant pour nous servir tous.

Vers le mois d’octobre, était arrivée la famille de Mornac. Je la revis avec un grand plaisir. Peu de temps après elle, vint la comtesse de Choiseul, abbesse du chapitre de Metz et sœur du duc de Choiseul, qui avait été ministre sous Louis XV. Elle ne put aller jusqu’à Aschaffenbourg, faute d’y trouver un logement ; la ville était pleine. Elle resta donc avec nous. C’était une fort bonne personne. Elle ne sortait jamais de sa chambre. Son neveu lui donnait des secours, je crois dix louis par mois. Il fut du nombre des naufragés sur la côte d’Ostende, et par conséquent emprisonné ; il ne pouvait plus rien envoyer à sa pauvre tante. Elle se désolait de n’avoir plus de ses nouvelles. Nous avions eu la précaution de lui enlever la gazette qui donnait ces tristes détails. Elle se trouva absolument sans ressources. Je fus absolument comme elle, et un écu de six francs dans ma poche fut pendant vingt-quatre heures tout mon avoir. J’avais