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1794

L’hiver de 93 à 94 se passa pour nous aussi tristement que possible. Le peu d’émigrés qui étaient à Coblentz venaient souvent chez moi le soir, mais tous ayant peu d’argent dans leurs poches, l’inquiétude pour leur avenir commençait à les gagner. Chacun cherchait de l’argent à emprunter, mais sans succès.

Le printemps nous rendit encore notre position plus critique ; Luxembourg se rendit, Trèves quelque temps après tomba aussi au pouvoir des Français ; les Autrichiens ou Prussiens se replièrent sur Coblentz, l’alarme fut à son comble dans l’électorat. On espérait, et on avait quelque fondement à se persuader, qu’on ne laisserait pas venir les Français à Coblentz, et que, quand bien même ils viendraient jusqu’à la porte, que la citadelle serait un obstacle insurmontable pour eux. Pour moi, je jugeai la trahison possible, et