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Une collation splendide fut servie. Je voyais le prince ne pas ôter les yeux de dessus mon mari. À la fin, il s’approcha de moi et me dit : « Monsieur votre mari n’a-t-il pas fait la guerre de Sept ans ? n’était-il pas capitaine de dragons ? – Oui, mon prince. – Eh bien ! je le reconnais parfaitement, nous avons souvent chassé ensemble, il y a bien longtemps de cela. » En effet il devait y avoir trente-six à trente-huit ans. J’appelai mon mari, je lui dis le souvenir du prince. Il en fut enchanté et alors la conversation s’établit entre eux, et sans doute que le temps de leur jeune âge fut repassé avec quelques idées gaies. Mon mari avait à cette époque de guerre dix-huit ans, le prince devait avoir quelques années de plus que lui. Cette mémoire était surprenante. Si le prince avait reçu mon mari seul chez lui, cela n’aurait pas été si étonnant ; mais recevant tout le régiment, en en voyant d’autres successivement, il fallait une rare mémoire pour se rappeler d’un jeune officier qui, n’étant que capitaine, ne pouvait laisser un grand souvenir. Nous nous réunissions chaque jour au salon. Il y eut plusieurs fêtes données en réjouissance de la prise de Mayence. J’étais distinguée par les princesses d’Ysembourg et de Reuss, je me trouvais bien.