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rendrait vraiment honteuse de ne pouvoir dire, en rentrant en France, que je n’en avais pas goûté. On rit de mon idée et on convint qu’avant de nous séparer, il fallait aller dîner à la meilleure auberge sur le port, et que là l’objet de notre gourmandise nous serait servi. Le baron d’Ernest nous demanda de pouvoir nous offrir ce dîner. Nous le refusâmes, mais il fit tant d’instances que le comte de Pestalozzi me dit tout bas : « Nous le fâcherions sans doute de ne pas accepter. » Alors, je me rendis à ses vives sollicitations ; le jour fut fixé à quelques jours après, pour donner le temps de se pourvoir du morceau friand. Il n’avait prié que peu de personnes, le comte et la comtesse de Pestalozzi, le chevalier de Morey, gentilhomme lorrain, mon mari et moi, ce qui faisait en tout six maîtres. M. Du Bourg enrageait de ne pas être de la partie, et je me plaisais à lui donner plus de regrets en lui faisant le menu du dîner qui nous était préparé et surtout du poids énorme de la carpe. Le grand jour arriva donc. Le baron d’Ernest était au bas de l’escalier, pour me donner la main ; il me dit que c’était un beau jour que celui où il pouvait me recevoir et donner à dîner, ainsi qu’à Mme de Pestalozzi. Au bout d’une demi-heure qui s’était passée en compliments les plus affectueux, le