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forcée par les événements qui suivirent, en se rendant en Russie, où elle était appelée par la bienveillance de la grande Catherine, elle se détourna de son chemin pour venir me voir à Coblentz et elle passa un jour avec moi.

Peu de temps après mon arrivée à Trèves, j’eus le chagrin de perdre ma femme de chambre. Elle n’avait dans le fait qu’une attaque de nerfs. Le médecin français que je fis appeler crut à une pleurésie. Il la saigna malgré moi ; il la ressaigna encore le matin, et l’on peut dire qu’elle mourut assassinée par ce médecin. Elle me fit verser des larmes. C’était une très bonne fille et d’une grande beauté. Il fallut la remplacer. Il s’en présenta une, allemande, extrêmement laide. Mon mari et mon frère me dirent, après l’avoir vue : « Elle est affreuse. » Mon frère appuyait fortement sur cela. Alors Alexandrine lui dit : « Hé, qu’est-ce que cela vous fait, mon oncle ? Ce n’est pas pour vous que maman la prendra ; il suffit qu’elle ait de bonnes qualités. »

Le baron Du Montet, premier président au parlement de Nancy, était établi à Luxembourg. Il vint à Trèves voir mon frère. Il me présenta son fils, qui avait tout au plus quinze ans. Après avoir salué le père, je lui dis : « Quel dommage qu’une si charmante figure ne soit pas une fille ! –