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L’endroit s’appelait Trompe-Souris, il aurait mieux été appelé Trompe-les-Hommes ; car le pays était affreux, désert par conséquent et sans aucune ressource. Nous en voulions bien au cocher de nous avoir fait passer dans cette route, qui n’en était au fait pas une praticable en voiture, surtout au milieu de l’hiver. À quoi auraient servi nos plaintes ? il fallut se taire. On nous faisait espérer de rejoindre la grande route qui mène à Luxembourg, dans le milieu du jour. Ce fut vrai. Il n’y avait plus alors de peine que pour les chevaux, à cause du verglas et du grésil qui tombait à chaque instant.

Nous eûmes encore une couchée détestable, et le lendemain de bonne heure nous traversâmes la forteresse de Luxembourg, qui ne peut être prise que par la famine ; ce qui a été démontré par la belle défense du maréchal de Bender, qui, depuis longtemps manquant de tout, fut obligé de se rendre aux Français, les Autrichiens n’ayant rien fait pour en faire lever le siège.

Mon frère, à qui j’avais écrit mon départ de Bruxelles, avait fait préparer mon logement, et en y arrivant j’y trouvai bon feu, et bientôt il vint me rejoindre. Depuis longtemps je ne l’avais pas vu. Que j’eus de plaisir en l’embrassant, de lui présenter mon mari et mes deux petites filles, qui