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dans une forêt. Je me voyais seule, n’ayant qu’un enfant de quinze ans pour postillon et mon domestique qui, au cas d’attaque, se serait mis des attaquants ; la conduite qu’il a tenue depuis ne me permet pas d’en douter(6). Cette forêt me parut bien longue à parcourir. Mes enfants, ma femme de chambre étaient en prières ; pour moi j’étais à observer le chemin. J’arrivai enfin à Lens (petite ville du Brabant), à une très bonne auberge. Je ne pourrais vous rendre, mes enfants, la satisfaction que j’éprouvai en me voyant, ainsi que vous, hors de cette malheureuse France, qui ne devait plus être pour nous qu’une cruelle patrie, qui nous rejetterait de son sein, en nous dépouillant de toutes nos propriétés.

Je me rendis à Bruxelles, où était votre père. Il logeait dans un hôtel avec beaucoup de gentilshommes de sa connaissance et de la mienne. Je louai un logement par mois. Mais peu de temps après, je reçus une lettre de mon frère, l’évêque de Nancy(7),qui me disait qu’il m’avait loué un appartement à Trèves, et m’engageait à y venir promptement. Il était fort cher, je me déterminai à quitter Bruxelles et à mettre mon fils à l’Académie anglaise de Liège, qui avait une grande réputation et qui était tenue par des ex-Jésuites(6).