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me dire que c’était un des fameux jacobins de l’Assemblée, qu’il avait été envoyé en mission dans les départements pour faire contribuer tous les frères et amis à la réussite de leur infâme complot. J’ai su depuis que c’était un boulanger du Craonnais, et qui avait fait une fortune immense par la Révolution. Le lendemain, avant de partir, il vint me demander de profiter de mon domestique, qui courait en avant de moi, pour se faire retenir des chevaux. « Je le veux, oui, mais à la condition que les premiers qui se trouveront disponibles seront pour moi. » Il fut d’accord sur ce point.

J’avais six chevaux à ma voiture, j’en payais sept, avec celui de mon laquais qui courait. Craignant que l’on m’en fit payer un de plus, je cachais Alexandrine, qui était fort petite, à chaque arrivée au relai. Une fois, le temps lui en parut long, à cette petite, et elle me dit avec un ton très persuasif : « Est-ce que tu ne crois pas, maman, que je ne vaux pas un cheval ? » Cette petite réflexion me fit rire.

Rendue à Rambouillet, les roues de ma voiture demandèrent à être raccommodées. L’ouvrier y mit beaucoup de temps. Mon compagnon de voyage, après m’avoir attendu, prit le parti