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qui croisent sur lui la baïonnette. Il s’arme à la hâte et, suivi de son ordonnance, attaque ses gardiens qu’il force à le suivre, rallie quelques soldats fidèles et court vers les forts où il rétablit l’ordre après avoir tué ou arrêté de sa main les chefs de la révolte, mis en fuite la plus grande partie de leurs complices et relevé le drapeau français déjà remplacé par un signal pour les canonnières anglaises qui croisaient en mer et n’eurent pas le temps d’arriver avant que tout eut été remis en état de défense. « J’ai eu, écrivait-il mélancoliquement après ce fait d’armes, j’ai eu tous les rapports les plus favorables sur mon compte ; mais, si loin du soleil, il est à parier que je n’obtiendrai rien. » En effet, bien que mis à l’ordre du régiment dans les termes les plus flatteurs, puisque le colonel y disait « Il a sauvé par sa présence d’esprit et sa valeur l’honneur du régiment », proposé pour la croix et pour le grade de capitaine, il n’obtint en définitive que l’avantage de changer sa maudite garnison de Porto-Ercole pour celle de Florence.

Cette dernière, il est vrai, était aussi belle que l’autre était affreuse. Mais loin du théâtre des opérations actives, dans la haute Italie, on y enrageait néanmoins en voyant tous les bataillons