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que tous les élèves devenaient chez eux vraiment comme des frères ! et quand une fois les jours d’étude et de classe étaient passés, quand une fois nous étions entrés dans le monde, notre amitié de collège ne s’en était point allée, et dans la société nous nous cherchions tous et avions un immense bonheur quand nous nous retrouvions à parler de nos jours de Liège. Aujourd’hui que beaucoup d’années me séparent de ces jours-là, mon cœur bat encore au souvenir de ce temps que je regarde comme un des plus heureux de ma vie…
« Mais les armées françaises allaient, allaient toujours… Notre supérieur, le P. Stone, rassembla tous les élèves qui lui restaient au nombre de deux cents, et les informa que le collège allait traverser les mers pour s’établir dans le nord de l’Angleterre… Il dit à cette jeunesse partante : « Pauvres jeunes colombes, voilà que vous prenez la volée pour des contrées lointaines ; pauvres jeunes colombes, que Dieu soit avec vous ! »
« Tous étaient tombés à genoux et pleuraient ; il étendit les mains sur eux et les bénit. »

(9). Partie de Trèves le 18 août, l’armée des Princes entra en France le 29. Elle vint occuper, près de Thionville, sa position à l’aile gauche du duc de Brunswick, qui s’avançait lentement, l’aile droite en avant. Elle y resta une partie de septembre, concourant à l’investissement de Thionville et aux attaques infructueuses tentées sur cette ville. Le 20, elle se remit en marche, le jour même où l’armée de Dumouriez soutenait contre les Prussiens la canonnade de Valmy. Le 27, elle arriva dans les environs de Verdun, continuant à relier les deux armées, prussienne et autrichienne. On sait les suites de Valmy ; le temps était devenu affreux, les troupes prussiennes, enfoncées dans les boues de la Champagne, manquant de vivres, furent attaquées par