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Enfin, nous arrivâmes à Paris les derniers jours de mai. Nous fûmes loger dans un hôtel garni, près du palais du Luxembourg. Notre ami de voyage, le comte Zaleski, venait nous voir souvent. Il voyageait pour son plaisir et pour s’instruire ; il nous faisait part de toutes ses observations. Il nous raconta qu’un jour étant à regarder avec attention la façade des Tuileries du côté du jardin, il lisait assez haut le mot de république, qui était écrit au-dessous du drapeau tricolore, un homme s’approcha de lui et lui dit : « Vous êtes étonné, Monsieur, de ce mot de république. Vous êtes étranger, sans doute ? Eh bien ! ceci fait le pendant d’un mauvais portrait, le peintre n’ayant pas fait la ressemblance, vite met le nom au bas et croit s’en être tiré. » Mon homme le quitta. Il aurait désiré lui parler plus longtemps, mais il ne le put rejoindre.

Chaque jour, Fouché faisait arrêter des émigrés. Un matin, à six heures, un homme de la police vint avec le maître d’hôtel demander les papiers de mon mari. Ils n’étaient pas en règle, ils n’avaient pas encore été visés par la municipalité. Il y avait avant notre chambre une très grande antichambre, ni mon mari ni moi n’entendîmes le vacarme qui fut fait à la porte ; mes filles, dont une porte de leur chambre donnait dans une première