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introduction, § x.

ne nous apprend rien, ou à peu près, sur celles de la défense. Ici c’est naturellement la défense qui est mise en relief, et tel est le nombre et la précision des faits mentionnés qu’il est impossible que l’auteur n’ait pas assisté aux événements qu’il raconte. Il me paraît inutile d’entrer ici dans un examen détaillé, déjà en partie fait dans les notes qui accompagnent la traduction : la simple lecture du morceau suffit à emporter la conviction. J’appelle seulement l’attention sur l’abondance des indications topographiques. Si on y joint les mentions éparses dans le récit de l’insurrection de Toulouse en 1216, et l’énumération des barbacanes qui occupe la plus grande partie de la dernière tirade du poème, on aura sur la topographie de l’ancien Toulouse un ensemble de notions dont on ne trouverait l’équivalent dans aucun document du même temps.

Le siège de Toulouse se termine en fait à la mort de Simon de Montfort, le 25 juin 1218. La prédiction sinistre que le poète plaçait dès 1215 dans la bouche du pape s’est réalisée : « Encore viendra la pierre et celui qui la sait lancer, tellement que de toutes parts vous entendrez crier : Qu’elle tombe sur le pécheur[1] ! » La pierre est venue, lancée du haut de Saint-Sernin par une pierrière que servaient les dames de Toulouse. Elle est venue « droit où il fallait[2] », fracassant la cervelle du comte, et aussitôt un cri d’allégresse s’est élevé par toute la ville. Une dernière et inutile attaque est tentée par les assiégeants, et un mois après la mort de Simon, les croisés se retirent, mettant le feu à la ville de bois qui les avait abrités pendant une année environ, emportant, comme unique trophée, le corps de leur général.

  1. Fin de la tirade CL.
  2. V. 8452.