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croisade contre les albigeois.

nouvellement construit, sont les habiles archers qui tirent dru et protégent la rive et les abreuvoirs, [9545] de sorte qu’aucun bateau ni aucun ennemi n’y puisse aborder.

Les barons, tous ensemble, ont juré sur les reliques, que crainte, assaut, coups, blessures, panique, mort, carnage [9550] ne feront quitter à personne son poste ; les Toulousains, d’un commun accord, désignent parmi les meilleurs et plus braves de la ville, des chevaliers, des bourgeois, des sergents pour aller au secours là où l’effort de l’ennemi sera le plus grand[1]. [9555] La ville est mise en parfait état de défense avec les barons [alliés], avec les Toulousains, avec le glorieux martyr[2] et les autres saints. Que le fils de la vierge, qui est splendeur et lumière et donna son sang précieux pour assurer la victoire à Merci, [9560] veille sur raison et droiture ; qu’il prenne garde que les torts et les crimes retombent sur les coupables ! Car le fils du roi de France s’avance, plein d’orgueil, avec trente-quatre comtes, et tant de monde qu’il n’est en ce monde aucun homme capable [9565] d’en compter les mille et les cents. Le cardinal de Rome[3], qui prêche et

    Neuf (v. 9541) et le pont du Bazacle (v. 9542) ; la réd. en pr. ne mentionne que « le pont neuf du Bazacle qui était fait depuis peu » ; et en effet, les deux désignations du poëme se rapportent à un seul et même pont, qu’on pourrait appeler indifféremment Pont neuf ou pont du Bazacle ; voy. Du Mège, Inst. de Toul., I, 69.

  1. Il s’agit ici de la formation d’une réserve composée de Toulousains, à la différence des défenseurs placés en première ligne qui paraissent avoir été tous ou presque tous étrangers à Toulouse, comme la liste qui précède le montre.
  2. Saint Saturnin.
  3. Le légat Bertran, voy. p. 320 n. 2 ; cf. la note suivante.