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croisade contre les albigeois.

se montre cruel, puisse Jésus-Christ nous défendre, qui sera notre gonfalonier ! — C’est là un excellent conseil, » répondent les barons. — « Barons, » dit le jeune comte qui est plein d’audace, « le conseil est sage, mais nous ferons autrement. [9380] Le roi était mon seigneur : s’il s’était montré juste envers moi, je lui aurais toujours été loyal et fidèle ; mais puisqu’il se montre plein de malice, de violence, de hauteur, puisque tout d’abord il m’a attaqué par les armes, en versant le sang, m’a enlevé Marmande, tué mes chevaliers, [9385] puisqu’il chevauche sur moi avec cette masse de pèlerins, tant que je n’aurai pas oublié la douleur, le mal, les dommages [qu’il m’a causés], je ne lui enverrai point de messager, je ne lui ferai aucune démonstration amicale. Il est entouré de gens orgueilleux, de conseillers cruels, et je ne gagnerais rien à lui faire des avances, [9390] mais je doublerais la honte, la perte, le blâme. Mais quand le fils du roi sera ici en face de nous, quand la lutte et le carnage auront duré la nuit et le jour ; quand nous aurons vu par les places les barons et les chevaux tomber et s’abattre, et quand nous leur aurons tenu tête, [9395] si [alors] nous lui envoyons des messagers, il sera plus conciliant. Et si vous m’en voulez croire, puisque le brasier s’enflamme, avant que le roi soit notre seigneur ou ait part à notre héritage, notre cause et la sienne auront été débattues face à face de telle sorte que nous verrons si Toulouse peut résister à l’acier tranchant, [9400] si le mortier peut tenir du vin ou de l’eau, ou s’il se brisera[1]. Si nous pouvons la

  1. Dans ce passage (à supposer qu’il soit correct), Toulouse est