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croisade contre les albigeois.

comte de Saint-Pol[1] s’irrita, et dit : « Par Dieu, sire évêque, on ne suivra pas votre avis. [9280] Confondu soit le roi, s’il livre le comte ! La noblesse de France en sera à tout jamais honnie. » Le comte de Bretagne[2] dit : « Puisqu’il a été reçu à merci, la couronne de France sera déshonorée si le comte est trahi. — Sire, » dit l’évêque de Béziers[3], [9285] le « roi de France sera couvert, si on l’attaque, en disant que la sainte Église les a exigés et repris. — « Barons, » dit le roi, puisque c’est l’Église qui m’amène ici, son droit ne sera pas disputé. Et puisque le comte s’est brouillé avec l’Église [9290] que l’Église en fasse à sa volonté avec ses prisonniers[4]. » Mais l’archevêque d’Auch lui a répondu sur le champ : « Par Dieu ! beau sire roi, si le droit est respecté, ni le comte ni sa mesnie ne seront pas mis à mort, car il n’est pas hérétique, ni faux, ni mécréant ; [9295] loin de là, il a suivi la croisade et maintenu ses droits[5]. Encore bien qu’il se soit mal comporté envers l’Église, il n’est cependant pas hérétique ni accusé en matière de foi, et c’est le devoir de l’Église de recevoir les pécheurs abattus, afin que leur âme ne tombe pas en perdition. [9300] Voici que Foucaut est en prison, à Toulouse : si le comte est mis à mort, Foucaut sera pendu. — Sire archevêque, » dit Guillaume des

  1. Gauchier de Châtillon qui mourut peu après, Art. de vérif. les dates, II, 775.
  2. Pierre Mauclerc (1213-50). D’après Guill. le Breton il partit avec le fils de Philippe-Auguste (Bouquet, XVII, 113, c d).
  3. Bernart VI, Gall. christ. VI, 331.
  4. M. à m. « avec ses saisis », ceux sur lesquels elle a exercé la saisie.
  5. On a vu plus haut (p. 443 n. 3) qu’il avait fait hommage à Simon en 1216.