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croisade contre les albigeois.

et les écus à boucle. Et le comte de Foix s’écrie : « Poussez ! poussez ![1] » et Foucaut de Berzi : « Francs chevaliers, tenez bon ! » Ebrart, Amauri, Tibaut, ensemble, Jean de Bouillon, Jacques, côte à côte, [9180] le vicomte de Lautrec qui est entré dans la mêlée, et avec eux les Français, ont repris la lutte : Chatbert, Aimiric[2], le vaillant Rogier Bernart, Loup de Foix, Guillem de Niort[3] qui est blessé, B. Amiel[4], le jeune Guillem Bernart[5], [9185] Amalvis, Ugo de la Mote, avec ceux de Toulouse qui sont pleins de haine pour leurs ennemis. Les hommes du comte, tous ensemble, d’un seul cri, taillent les défenses avec les aciers pénétrants, tournent et retournent de toutes parts les Français, [9190] les frappant et les blessant par la poitrine et par les flancs, et les font tomber deux par deux. Alors vient la grande foule des sergents acharnés qui se jette avec eux dans la bataille, si bien que dans ce massacre, les Français vaincus et abattus, succombent, écrasés et mis en pièces, [9195] sous les coups des chevaliers et des sergents confondus en une seule masse. Yeux, cervelles, poings, bras, cheveux, mâchoires, membres coupés,

  1. Traduit d’après le sens général. L’interprétation d’arregnar donnée au glossaire, « retenir les rênes », est en soi douteuse (le seul sens établi pour ce mot est « attacher un cheval par les rênes »), et ne convient pas ici. Il faut au contraire supposer que le comte de Foix commanda de pousser de l’avant, puisque au vers suivant le chef de la troupe française commande de tenir bon.
  2. Voy. p. 273 n. 1.
  3. Voy. p. 446 n. 3.
  4. Voy. p. 445 n. 2.
  5. Guillem Bernart d’Arnave, p. 445 n. 3.