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croisade contre les albigeois.

vous garantissons qu’il n’y a ni crainte à avoir ni danger. Devant vous est le jeune comte qui nous a en haine, [9105] le preux comte de Foix qui est dur et intelligent ; voici Rogier Bernart avec ses barons, et ils ont amené avec eux les capitaines et les bannis. Et s’ils sont bons aux armes, nous valons plus encore, car ici est concentrée toute la France et tout Montfort, [9110] l’élite de cette terre [1], la fleur des croisés, et si personne venait à succomber, nous sommes absous par l’évêque de Toulouse et par monseigneur le légat. — Beau frère, » dit Jean, « pensez à bien férir ; j’en prends à témoins les miracles opérés pour nous et pour la croisade, aujourd’hui [9115] c’est Merci et Péché qui vont se livrer bataille. » Le vicomte de Lautrec[2] dit : « Seigneurs, écoutez-moi. J’ai bien observé les barons [qui viennent nous attaquer] et ce sera folie que de les attendre ici. — Vicomte, » dit Tibaut, « vous pouvez vous en aller. [9120] Nous attendrons ici le comte, et on verra qui a raison. »

Cependant, après toutes ces paroles, les lignes des chevaliers armés se forment, et les deux partis [opposés] se sont tellement rapprochés qu’il ne reste entre eux qu’un petit fossé sans pont ni planche. [9125] Lorsque le comte de Foix eut passé, avec son vaillant baronage, les deux partis formèrent deux moitiés [égales][3]. Mais Foucaut de Berzi, bien en

  1. Les barons du Midi qui, tels que le vicomte de Lautrec et Sicart de Montaut, s’étaient joints aux croisés.
  2. Voy. p. 447 n. 3.
  3. Sens douteux, plus probable cependant que celui de Fauriel, qui traduit : « et de chaque côté l’on se divise en deux moitiés ».