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croisade contre les albigeois.

nous combattre, et onques je ne vis bataille qui me plût si fort. Car, depuis que je porte les armes je ne pense pas [9015] avoir jamais vu si bonne troupe que celle que nous avons ; tellement qu’à mon jugement, s’il y a bataille aujourd’hui, orgueil et déloyauté perdront leur puissance. » Rogier Bernart, de tout point accompli, parla ainsi : « Seigneurs francs chevaliers, on verra aujourd’hui qui est preux. [9020] Le cœur me tressaut à voir ici réunie la fleur de cette terre et de tout le Carcassais. » Le comte se prit à rire et dit courtoisement : « Puisse Dieu me garder ma dame et le château Narbonnais, comme je suis décidé à ne pas faire faire demi-tour à mon enseigne jusqu’à ce que je les aie morts ou pris ! [9025]. Quand la France entière y serait avec tous les Montforts, ils auront la bataille jusqu’à tant que l’un des deux partis soit abattu. » Puis il s’écrie de façon à être entendu de tous : « Chevaliers, aux armes ! c’est le moment, et faisons-le si bien que nous n’y ayons pas reproche ! [9030] Par sainte Marie, en qui Jésus-Christ est descendu, s’ils veulent nous attendre, qu’il leur plaise ou non, aujourd’hui ils auront la bataille ! »

CCXI.

« Aujourd’hui ils auront la bataille, en vérité, s’il plaît à Dieu, et au départir nous verrons qui tien-

    sade. Sur ce Sicart de Montaut, voy. ci-dessus p. 392 n. 2. Il est mentionné par Guill. de Puylaurens à propos du combat de Baziége ; voir plus loin, p. 457 n.