Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/546

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
414
[1218]
croisade contre les albigeois.

comte, qui est notre lumière[1], [8305] [Simon] nous a fait une bastide que voici sous nos yeux, et puis, à la faveur de ses abris, il s’est tant approché, qu’il n’a qu’un saut à faire pour être dans les fossés : vienne maintenant un autre comte, et Simon les franchira et logera chez nous avec ses croisés. [8310] Francs chevaliers, prenez une résolution commune : puisque la partie est engagée des deux côtés, elle ne peut s’arrêter tant que l’un des deux ne sera pas maté, car par la Vierge sainte en qui fleurit chasteté, il faut que maintenant la terre et le comté soient à eux ou à nous ; [8315] car par la très-sainte croix, ou soit sens ou folie, nous marcherons sur la chatte, si vous commencez l’affaire. Et si vous ne le faites, le Bourg et la Cité sont tellement décidés à y aller en masse, que sur la chatte il sera frappé tant de coups, [8320] que le champ sera jonché de sang et de cervelles. Mieux vaut mort honorable que vie honteuse[2]. » Et les barons répondent : « Vous nous voyez tout prêts ; puisse la fortune favoriser notre entreprise ! [8325] Nous et vous ensemble, s’il plaît à Jésus-Christ, nous irons brûler la chatte ! »

CCV.

« Nous marcherons sur la chatte, car c’est bien à faire, et nous et vous ensemble la prendrons en joignant nos efforts ; et Toulouse et Parage seront à

  1. Ci-dessus vv. 7913-45.
  2. Idée plus d’une fois exprimée dans le poème, voyez par ex. v. 6513.