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croisade contre les albigeois.

faire ? Si peu que me durent encore la douleur et l’angoisse, vous aurez abattu moi, sainte Église et la croix. » Et les barons lui répondent : « Sire, calmez-vous ; si vous déplacez la chatte, du coup vous la garantirez. — [8125] Par Dieu ! » dit le comte, « vous allez bien voir ! » Et comme la chatte se tournait et faisait ses petits pas, le trébuchet ajuste et lance avec force, et frappe tel coup, pour la seconde fois, qu’il tranche et brise le fer et l’acier, les bois et les clous, [8130] la colle et la poix, laissant morts et froids nombre de ceux qui la conduisent. Tous s’enfuient et le comte reste seul. À haute voix il s’écrie : « Par Dieu ! vous resterez ici ; vous conduirez la chatte ou tous vous y mourrez. » [8135] Et ils lui répondirent : « Ceux que vous y mettrez, mieux leur vaudrait plaie, fièvre ou maladie ! »

Cependant le comte de Toulouse et ses barons privés parlent avec le chapitre, comme vous allez entendre ; tous disent : « Jésus-Christ, [8140] cette fois nous avons grand besoin que vous nous inspiriez. » Le comte de Comminges dit : « Seigneurs, entendez-moi : s’il y a des gens qui perdent avec cette chatte, pour vous, vous y gagnerez : elle vous sauve vos vignes et vos blés, car tandis qu’ils veillent sur elle, ils n’ont pas le loisir de les dévaster. [8145] Cessez donc de vous affliger et de vous épouvanter, car rien ne peut vous empêcher de la faire entrer en ville avec vous. — Seigneurs, » dit Rogier Bernart, « n’ayez crainte, car ce n’est pas une chatte qui jamais nous fera perdre la ville ; et s’ils l’amènent ici, ici vous la détruirez ; [8150] car entre