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croisade contre les albigeois.

droit le lui rendront en autre temps. Et c’est grand merveille quand, par la déloyauté d’autrui, Parage est abaissé, mis en péril, brisé. Si j’avais su, en ma terre, que telle fût l’intention secrète, [8100] ni moi ni ma compagnie ne serions ici. — Amauri, » dit le comte de Montfort, « vous aurez tort toutes les fois que vous disputerez avec le cardinal mon seigneur : ce n’est ni droit ni raison que vous le contrariiez en rien, et en lui obéissant vous ferez acte d’amour envers l’Église. » [8105] Ils parlèrent ensemble jusqu’à la tombée de la nuit. À l’aube, quand le jour commence à poindre, le comte de Montfort donne ses ordres : « Mes amis, vous allez venir ; et jamais vous ne m’aurez rendu ni ne me rendrez service plus à propos. Maintenant, mettez-vous à la chatte, et vous prendrez Toulouse, [8110] et détruirez mes ennemis et les vôtres. Et si vous prenez Toulouse vous honorerez Jésus-Christ et réparerez vos pertes et les miennes. » Alors sonnent les trompettes, les cors, les clairons, et ils se mettent à la chatte avec des cris et des sifflements. [8115] Entre le mur et le château [Narbonnais] elle vint à petits sauts : mais, telle que l’épervier qui chasse les oiselets, la pierre vint tout droit, lancée par le trébuchet, et la frappa d’un tel coup, à l’étage supérieur, qu’elle trancha et brisa cuirs et courroies[1]. [8120] Et le comte de Montfort s’écrie : « Jésus-Christ, qu’allez-vous

  1. Il est bien possible que cette scène entre la chatte de Simon et le trébuchet des Toulousains ait donné lieu à la pièce de Raimon Escrivan où est racontée la lutte, entrecoupée de paroles de défi, d’une chatte et d’un trébuchet ; Bartsch, Chrest. prov., 3e éd., p. 315.