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croisade contre les albigeois.

ment. » Et le comte passe l’eau[1] avec Lambert de Caux[2], et parle et délibère dans le château Narbonnais. Là furent présents le cardinal, l’évêque, le comte de Soissons, Audri le Flamand, [8030] Amauri de Craon, Aimeri de Blèves[3], Gillebert des Roches, Richart de Forez, Bouchart, Alain, Hugues de Laci. « Seigneurs, » dit le comte, « vous savez que c’est vérité, le pape m’a livré le Carcassais, [8035] à gouverner et à tenir légitimement, avec garantie de n’en être pas dépossédé. Je l’ai conquis, avec la croix et la foi. Or me voici en telle détresse que si je ne prends la ville avant un mois, [8040] il me vaudrait mieux mourir ou n’être jamais né, car, par sainte Marie, je suis si fort ruiné que je n’ai plus ni argent, ni de quoi donner[4], ni honneur, ni rente. Et pourtant, si je lève le siége sans les avoir pris, l’Église y perdra et la foi périra. » [8045] Le comte de Soissons lui répond sur-le-champ : « Sire comte de Montfort, s’il plaisait à Jésus-Christ qu’orgueil fût droiture, que péché fût merci, la ville serait à vous, et la richesse et le matériel [qui s’y trouvent]. Mais il ne me paraît pas qu’elle doive être bientôt prise, [8050] car le comte Raimon,

  1. Il était donc sur la rive gauche.
  2. De Cales ; p.-ê. de Calais ? ou de Chalais ?
  3. Sans doute le « Haimericus de Bleu (Bleves, arr. Mamers) dont le Trésor des chartes (Teulet n° 2036) contient une charte de janvier 1230, et qui figure encore dans un document de 1246 (Teulet 3521).
  4. Nil dos ; je l’entends au sens actif, mais on peut l’entendre au sens passif ; non pas les dons qu’on fait, mais ceux qu’on reçoit.