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croisade contre les albigeois.

le comte m’auront à tout jamais pour adversaire ; pas de trève, pas d’accord jusqu’à tant que je l’aie prise ou qu’elle me prenne. Pour ma défense et pour leur tourment, [7960] de cet hôpital je ferai un château complet, avec créneaux, lices et mur bastillé, et au dehors une palissade de gros madriers ; partout à la ronde un grand fossé trans-

    ff. O 5 à P 3 ; ms. Bibl. nat. lat. 8758, fol. 98-103). Par suite on disait d’une dame très-belle qu’elle avait enlevé l’épervier : Li bella Hellenborca enlevet l’esparvier (Féraut, Vie de S. Honorat, éd. Sardou, p. 29).

    Quant à la cour du Puy, dont il est ici question, elle nous est connue principalement par deux témoignages qu’on a souvent rapprochés. L’un est emprunté à la vie du Moine de Montaudon ; il y est dit que ce religieux, ayant obtenu de son abbé (l’abbé d’Aurillac) la permission de mener la vie mondaine, fut fait seigneur de la cour du Puy et conserva ce titre tant que cette cour dura : « e fo fait seigner de la cort del Puoi Sainta Maria, et de dar l’esparvier. Lonc temps ac la seignoria de la cort del Puoi, tro que la cort se perdet. » L’autre témoignage est la soixante-quatrième des Cento noveile antiche (texte de l’éd. de 1525). Dans cette nouvelle, qui, selon la remarque de Diez (Leben u. Verke d. Troub. p. 532), semble être l’exposé, la razos, de la chanson Atressi com l’orifans, il est dit que qui se sentait riche de biens et de cœur, prenait l’épervier sur le poing et avait, par suite, à faire les frais de la cour tenue cette année. En outre, quatre approvatori étaient institués pour examiner les chansons qui leur étaient soumises, signalant les bonnes, et rendant les autres à leurs auteurs pour être corrigées. La célèbre chanson de Guiraut de Calanson (commencement du xiiie siècle) sur le « menor ters d’amors » fut, selon Guiraut Riquier, qui l’a longuement commentée, présentée à la cour du Puy (Mahn, Werke d. Troub. IV, 199). Le moine de Montaudon « seigner de la cort del Puoi », comme tel chargé de décerner l’épervier au plus digne, en cas de concurrence, était probablement aussi l’un des quatre examinateurs. — Bertran de Born le fils et son frère Itier furent armés chevaliers à une cour tenue au Puy (Cartul. de Dalon, Biblioth. nat. lat. 17120, ancien Gaignières 200, fol. 6 v°).