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croisade contre les albigeois.

des Brabançons ; et les hommes de Toulouse, y compris le petit peuple, allèrent les recevoir avec joie et allégresse. Les cris, les enseignes, les cors, les trompes, font retentir la ville et dissipent la brume.

[7705] Le comte de Montfort, lorsqu’il entendit la rumeur, passa l’eau[1] avec peu de monde pour se rendre du côté des arrivants, laissant bien garnis l’Hôpital et la tour[2] ; il arriva au siége et s’entretint avec les siens : « Seigneurs, » dit le comte, « vos pires ennemis [7710] abandonnent l’eau, la ville et les ponts[3], et j’ai ouï là dedans un tumulte qui indique qu’ils veulent s’en aller, sachez-le bien, ou c’est un secours ami qui leur vient. » Survient un messager qui lui a dit la vérité : « Sire comte, il est entré du renfort à Toulouse : cinq cents chevaliers [7715] avec Bernart de Casnac qui défendront la ville, et vous, vous aurez à les combattre. — Ami, » dit le comte, « ils ont fait une folie : quand j’entrerai, les traîtres sortiront, et jamais, tant que je vivrai, des bannis vagabonds [7720] n’effraieront ni moi ni l’Église ! » Le comte, le cardinal, les conseillers, Amauri[4], l’évêque de Toulouse et les autres personnages délibérèrent secrètement entre eux : « Seigneurs, » dit le comte, « je me plains à vous [7725] de ce que tous mes soudoyers veulent me quitter, parce que je n’ai pas de quoi les payer et ne sais que leur dire. Sachez-le, cette ville m’a mis

  1. Il était sur la rive gauche et se rendit au siége vers Montoulieu.
  2. La tour qu’il avait enlevée aux Toulousains.
  3. Le texte ajoute e la valor, simple cheville.
  4. Le fils de Simon.