Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/505

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
[1218]
373
croisade contre les albigeois.

reposer, manger et dormir, sans être dérangés par ceux de la ville : vous au contraire, qui connaissez la ville, les entrées et les issues, et en quelles manières on peut la serrer de près, [7400] tenez ce siége où vous voulez nous envoyer. Et, par Sainte Marie ! j’entends dire que les hommes de Toulouse ne se laissent pas facilement honnir ; que si on veut les attaquer, les avilir, ils savent bien se défendre et frapper de bons coups. [7405] C’est pourquoi nous vous prions, beau sire, de nous laisser respirer, et puis nous et vous ensemble irons les assaillir, les recevoir si droit de tant de manières que nous en emplirons les lices et les fossés. Et si nous parvenons à conquérir la ville et ses défenseurs, [7410] que tout soit à vous, et laissez-nous partir : il n’y a rien autre à faire. » Quand le comte entend qu’il ne peut les détacher [de lui], il tremble et soupire et se dépite. Ils chevauchent ensemble et vont s’établir [7415] dans la nouvelle ville.

CXCVII.

Dans la nouvelle ville ils se logent aussitôt, et

    exagération dans la description que le poëte fait de cette ville où de toutes parts venaient affluer les marchands. Toutefois il n’est pas hors de propos de remarquer que, lorsque Édouard III assiégea Calais, il fit construire, pour loger son armée, une ville de bois dans laquelle, selon Froissart, il y avait « toutes coses necessaires apertenans a une host, et plus encores, et place ordonnée pour tenir marchiet le mercredi et le samedi. Et la estoient merceries, bouceries, halles de draps et de pain et de toutes autres nécessités » (éd. Luce, IV, 2 ; cf. Jean le Bel, I, 95).