avant que paroles et sermons aient fait tomber la ville entre nos mains, coups, horions, plaies et luttes auront appris à Dieu et au diable quelles âmes sont bonnes. »
Tandis qu’ils parlent et déduisent leurs raisons, viennent par les places, piquant des éperons, [7190] les barons de Toulouse battant et courageux : Guillem Unaut[1], Guiraut[2], Ugo Bos, l’habile Amalvis, W. Arnaudon, le preux Ugo de la Mote et son enseigne au lion vermeil, et les bonnes compagnies, tous jeunes et beaux à voir. [7195] Leur enseigne était portée par l’habile Ugo de Ponton ; à la porte du siége[3] flotte son pennon. Dans le camp, l’alarme et le tumulte retentissent ; toute l’ost en tremble d’un bout à l’autre. Ils crient à haute voix : « Sainte Marie, à l’aide ! » [7200] et ils courent prendre les armes et leur équipement. Tandis que le comte de Montfort s’arme avec les siens, par le champ, en dehors, commence le carnage ; on tranche, on taille Normands et Bretons, si bien qu’Arman Chabreus y fut mis en pièces, [7205] et la chair, le carnage, les membres, les os, les bras, les jambes, les cheveux et les mentons, les poitrines, les corées, les foies, les reins, sont épars sur la place, par tronçons et quartiers. À ce moment sort par la porte le vaillant comte Simon, [7210] ainsi que Hugues de
- ↑ Voy. p. 298, n. 2.
- ↑ Très-probablement Guiraut Unaut, qui paraît, avec son nom et son surnom, aux vers 8997 et 9518. Il était sans doute parent de Guillem Unaut, à côté de qui il figure, non-seulement ici, mais aussi dans un acte cité plus haut, p. 298 n. 2 ; par suite il serait possible de compléter le vers trop court où il est ici mentionné (7191), en restituant par ex. [sos fraire] avant en Guiraut.
- ↑ C.-à-d. à l’entrée du camp retranché des assiégeants.